Mohamed Boumekrane Jean-Luc Einaudi
Information occultée Films « 17 octobre 1961 » une journée portée disparue et dissimulation d’un massacre à Paris
Devant plus de cent trente Lycéens, classes de terminale Jean Luc Einaudi a présenté « une journée portée disparue : le 17 octobre 1961 » , relatant la rafle à Paris de plus de 10 000 Algériens et le massacre de quelques 200 d’entre eux par la police sous les ordres de Maurice Papon. Au delà de l’événement proprement dit, cette conférence permit de réfléchir à la façon dont se fait l’histoire, ou plutôt à la façon dont on fait l’histoire. Comment, en d’autres termes, l’Etat instrumentalise les faits historiques, soit en les transformant, soit en les occultant, pour servir les « intérêts supérieurs » de la nation. Inutile de préciser que cette raison d’Etat est rarement compatible avec les Droits de l’Homme.
Mélanie Llanès, élève de terminale littéraire au lycée Déodat de Séverac témoigne : « cette conférence nous a beaucoup plu. Le film qui a été projeté a marqué un grand nombre d’entre nous. Nous avons été exposés à un secret dévoilé qui nous a montré la cruauté de l’homme. Personnellement, cela m’a fait penser aux actes antisémites de la seconde guerre mondiale. Cela prouve que malgré les quinze années qui séparent ces manifestations de la guerre, les mémoires sont marquées et la violence ancrée dans l’homme. La France n’était pas encore guérie. Des personnes revendiquent leurs droits et ils obtiennent des coups, la torture et la mort. Je ne comprend pas trop comment cela a pu être autant de temps caché, et je suis certaine que si j’en parle autour de moi on va être aussi surpris que je l’ai été. Je pense que garder cet événement dans un coin de sa tête est important car aujourd’hui nous n’avons pas de problèmes particuliers (couvre-feu…) concernant nos droits, tandis que des personnes sont mortes pour les obtenir ; Cela montre aussi les caractères racistes que la France a pu avoir et qu’aux jours d’aujourd’hui il faut y être vigilant ».
Le soir à la Médiathèque, une quarantaine de personnes, après avoir vu « dissimulation d’un massacre » eurent aussi la possibilité de dialoguer. Une soirée de très grande qualité : Einaudi très présent a captivé un auditoire attentif, notamment par la précision de ses réponses , la grande connaissance du sujet traité, sa détermination et sa modestie.
Mattéi, Iveton, Henri Aleg personnages réels au vécu particulier aidèrent à la compréhension de pages d’Histoire que les pouvoirs d’Etat avaient placées aux oubliettes. Mensonges, falsifications, censures étant des méthodes classiques de gouvernement nous ne doutions point de l’interdiction du livre de Paulette Péju « ratonnades à Paris » ni de celle du film de Panijel « Octobre à Paris ». Fallait-il être surpris en apprenant que des archivistes dont la conscience morale dépassait les tabous, se retrouvèrent « au placard » .
Une soirée si passionnante qu’elle ne voulait pas finir.
J.B et A. L
10 octobre 2008