LES « NANOS » N’ONT PAS ZERO DEFAULT
Après les jeunes lycéens, en matinée du vendredi 17 septembre 2010, c’était au tour d ‘un public adulte, réuni au troisième étage de la Médiathèque de s’interroger, en fin d’après–midi, sur les nanotechnologies, grâce au second exposé de Bernadette Bensaude-Vincent.
A la lumière de ses explications, cette avancée dans l’exploration et la construction à l’échelle de l’infiniment petit apparaît comme une grande aventure scientifique du XXIème siècle. Il s’agit ni plus ni moins que de manipuler atomes et molécules pour obtenir des assemblages un peu, dit la conférencière, à la manière d’un jeu de lego, hyper miniaturisé (le nanomètre représentant un milliardième de mètres) et terriblement efficace. On comprend aisément que cette incroyable révolution puisse être porteuse d’espoir mais également d’immenses interrogations.
Les savants qui ont commencé à explorer les nano-mondes laissent entrevoir des applications extrêmement positives pour les sociétés humaines. Le traitement des déchets, par exemple, serait amplement simplifié par des myriades de nano-décomposeurs de matière. En médecine, l’utilisation de substances enfermées dans des nano-tubes pourraient cibler spécifiquement une plaie, une tumeur : fini les médicaments, les radios ou chimio-thérapie qui soignent la partie malade en déglinguant le reste de l’organisme. D’autres éventualités laissent songeur comme implanter des systèmes qui éviteraient les neuro dégénérescences du cerveau, qui réduiraient ou supprimeraient certains handicaps ou qui ralentiraient le vieillissement
Les nano-technologies, source d’un mieux être pour l’humanité, sans doute, mais, souligne Bernadette Bensaude-Vincent, les bornes deviennent fluctuantes entre la science et la science–fiction et on ne tarde pas à percevoir la dualité des nano-technologies quand on examine leur processus d’évolution qui s’étagerait en quatre paliers successifs
Le premier ou nous sommes déjà, consiste à introduire des nano-particules (matériaux passifs) dans certains produits. C’est le cas pour les cosmétiques , des crèmes bronzantes en contiennent
La deuxième est celle des matériaux actifs comme les verres hydrophobes, les anti-poussières, le béton qui réagit à une fissure, les appareils de surveillances
Dans la troisième étape, les nano-particules seront capables de s’organiser elles-mêmes et dans la quatrième, bien plus préoccupante, arriverait le « saut vers l’émergence », c’est -à- dire que les nano-produits seraient à même de libérer des propriétés imprévues.
Ce côté apprenti-sorcier, qui s’accompagne d’une grosse pression de lobbies industriels entrevoyant une manne financière, nous invite bien évidemment à nous interroger sur les impacts sociaux et éthique des nano-technologies. Bernadette Bensaude-Vincent a signalé que des groupes d’études existent, composés de philosophes, de médecins, de juristes, d’éducateur Ils n’ont pas manqué de souligner que l’utilisation des nanos se ferait dans une démarche égoïste au niveau de la planète, car elle profiterait aux pays riches au détriment des pays pauvres, posant ainsi un problème de moralité économique mais ce n’est pas le seul. Les nano-technologies rendront-elles vraiment meilleure la vie des gens, échapperont-elles à leurs concepteurs, sont elles une menace ? Les scientifiques ont une responsabilité énorme, dont la première est celle d’informer et d’expliquer pour que le citoyen lambda ne soit pas tenu à l’écart de ces nouveaux choix technologiques
Françoise Mazet-Sitger Courrier de Céret N° 1654 octobre 2010