Une aventure scientifique et humaine en Amazonie.
Le jeudi 22 mars en matinée, la salle de l’Union était comble pour la vidéo-conférence de Pierre Olivier Antoine, paléontologue, chercheur et professeur à l’Université des sciences de Montpellier, venu à Céret à l’invitation de Jean Barsacq.
Des classes de lycées de Céret, Prades et Perpignan ainsi que de nombreux passionnés se sont laissé captiver par la relation précise, pleine d’humour, jamais pédante du jeune chercheur à propos des campagnes menées par lui et son équipe, à la recherche de fossiles d’animaux en Amazonie ( Pérou, Equateur ).
Jusqu’à une date récente, « ce point chaud de biodiversité », ainsi que le qualifie lui-même Pierre Olivier Antoine, l’Amazonie n’avait guère livré de fossiles très anciens jusqu’à la découverte réalisé par une équipe américaine, à Santa Rosa.
Cet élément déclencheur a amené P-O Antoine et son groupe de paléontologues à partir en exploration dans la région des Andes, où dans des temps reculés les plissements géologiques ont fait remonter des terrains plus anciens. Mais, compte-tenu des activités du fleuve Amazone modifiant constamment les couches, les explorations se sont faites le long des berges, mieux préservées sur des strates descendant jusqu’à moins 65 millions d’années.
Les expéditions débutées en 2005, ont été difficile sur le plan physique, car il fallait remonter le fleuve en pirogues et se nourrir chichement avec la faune locale, notamment du poisson. Le tamisage des sédiments, les pieds dans l’eau, 2 kilos par 2 kilos, sous une pluie fréquente, sont épuisant. Sans compter sur la suspicion, voire l’hostilité des habitants avec lesquels il faut entretenir une relation de confiance.
Toutefois, ces efforts ont été largement payés par des découvertes abondantes permettant de documenter les différentes périodes des millions d’années concernées. Ont ainsi été isolés des restes de mollusques, de rongeurs, de mammifères, de primates, certains arrivés sur le continent américain depuis l’Afrique, sur des radeaux flottants de plantes et d’herbes.
Des preuves de vies de mégalo-herbivores ont ainsi fait partie de la moisson de trouvailles, ainsi que des insectes inclus dans l’ambre.
Parallèlement à la réussite scientifique des missions successives , possible grâce au financement personnel des intervenants et au mécénat. Il convient de souligner la dimension humaine de l’aventure qui tient à la démarche de l’équipe vis-à-vis des populations locales.
Trop longtemps laissées pour compte, pour ne pas dire méprisées ou exploitées par les expéditions, au-moins jusqu’aux années 1970, celles-ci ont retrouvé, avec le groupe de Pierre-Olivier Antoine, entre autres la considération à laquelle elles ont droit.
Non seulement leur autorisation pour fouiller sur leur territoire est sollicité, mais encore les découvertes réalisées leur sont montrées et expliquées; elles sont également conservées en Amérique du Sud, dans des meilleures conditions possibles. Enfin les chercheurs prélèvent sur l’enveloppe destinée à chaque mission, une certaine somme avec lesquels ils achètent aux villageois des réalisations artisanales. Elles sont revendues en France, ce qui fait au final pour les autochtones un double apport financier, qui n’est pas une aumône.
L’un des villages a désormais une ligne internet, ce qui maintient le lien avec les paléontologues de l’équipe de Pierre-Olivier Antoine.
Françoise Mazet
conférence sur proposition de Jacques Réal